Bagneux, solidaire aussi avec la planète !

Conseil municipal du 26 mai 2015. Texte de l'intervention de Pascale Méker au nom du groupe EELV (dans l'attente du procès verbal)


Madame la Maire,
Madame la Conseillère départementale,
Cher e s Collègues,
Mesdames et Messieurs,

Notre groupe souhaiterait avant toute chose remercier les services municipaux pour la qualité des documents et de la présentation qui viennent d'introduire ce débat ce soir.
Ces remerciements s'adressent également aux associations qui collectivement ont versé à la concertation qui accompagne la révision de notre plan local d'urbanisme, des documents d'une très grande qualité.

La concertation est un élément très important dans le cadre de l'élaboration d'un PLU. Notre équipe municipale souhaitait cette concertation. Et je crois qu'aujourd'hui, nous sommes récompensés. Ces questions sont difficiles à aborder techniquement. Les habitants d'une ville n'ont que peu de temps pour s'en emparer, et pourtant, c'est leur avenir au quotidien, dans la ville qui est engagé.

Ces contributions – au-delà du travail réalisé ensemble lors de nos réunions et ateliers, nous apportent des réflexions et des savoirs collectifs, sous trois aspects qui se complètent.
Une expertise d'usage -très importante – au plus près du vécu, concret dans la ville -, qui nous rappelle ce que nous devons éviter : des différences d'échelles trop brutales, entre différentes typologies urbaines, pour aller vite, des bâtiments trop massifs, qui viennent interrompre des séquences urbaines plus basses, plus fragiles, sans transition suffisante. Et nous rappelle donc toutes les précautions que nous aurons à prendre dans l'élaboration des règlements des différentes zones de notre PLU, non pas pour empêcher, mais pour permettre, l'insertion harmonieuse des nouveaux bâtiments.

Une expertise qui met en avant aussi des propositions de moyens d'action, - comme le coefficient de birotpe qui permet de valoriser la pleine terre dans les projets de constructions- pour créer la ville de demain qui devra prendre en compte « la transition écologique », en particulier, dans son volet trame verte et bleue et la présence de l'agriculture urbaine. Cette expertise s'accompagnant de nombreuses clefs et définitions qui rendent cette approche pédagogique.

Une expertise, plus urbanistique enfin, qui reprend les problématiques de la ville de demain dans sa globalité et installe sa réflexion dans un bassin de vie fortement urbanisé, le nôtre, celui de la Métropole parisienne, au delà même de son devenir institutionnel. Pour une ville intense et dense possédant des espaces publics généreux et des espaces verts tout aussi généreux.

Ces contributions ne heurtent pas, le projet de PADD, tel qu'il vient de nous être présenté..
Elles sont un peu en avance sur l'exercice et annoncent déjà le détail des étapes suivantes : celles des orientations d'aménagement et de programmation, puis du règlement. Ce sont, des contributions qui vont encore enrichir notre travail commun.


Mais, je dirais que ces experts citoyens nous poussent, à aller encore plus loin...
Nous poussent à porter ensemble une grande ambition au sein de la future métropole.
Comme madame la maire l'a rappelé en début de cette séance. Nous adhérons sans réserve aux objectifs mis en avant.

Et nous sommes ambitieux car beaucoup de contraintes pèsent sur notre ville, sur les enjeux portés par notre PADD, qui se synthétise en trois grands axes

Renforcer son équilibre social, c'est à dire urbain et économique : créer une véritable mixité sociale, et fonctionnelle.

Valoriser son cadre de vie, l'améliorer même !
Avec des circulations douces qui devront participer énormément à l'insertion, des projets importants de renouvellements urbains. Ces liaisons le plus souvent effectivement peuvent suivre le tracé d'une trame verte et bleue – mais alors, l'ensemble doit être suffisamment large pour accueillir aussi un corridor écologique, dont l'aménagement végétal doit trouver sa place,. On peut l'espérer ainsi pour l'avenue Henri Barbusse, par exemple entre le terminus de la ligne 4 et les parcs du centre-ville.

(A propos de la protection des arbres en ville et de leur rôle dans la préservation des oiseaux, je dirai que la ville est déjà allée plus loin que ne le demande l'une des contributions : avec l'expertise du Centre Ornithologique d'ile de France, que nous avons consulté, nous avons pu faire que les alignements de marronniers de l'avenue henri Barbusse que le chantier du métro oblige à abattre, et d'autres arbres du quartier nord, abattus en nombre ne le soient pas en période de nidification des oiseaux : la règle est selon le CORIF, ne rien couper de début mars à septembre...La RAPTP a suivi ces recommandations.) Non prononcé

Enfin accompagner les projets, très importants, très structurants dans le nord de la ville, en proximité du métro et de la gare du Grand Paris.
Et sur le site des Mathurins...


Ces trois orientations permettent de se tourner résolument vers l'aménagement durable d'une ville en « transition écologique ».Ces trois orientations de notre PADD sont préparées de longue date en amont même du lancement de la révision du PLU, par une approche environnementale de l'environnement, en particulier démarche approuvée par l'ADEME.

Je ne rentrerai pas plus dans le détail de ce PADD qui vient de vous être présenté. Je pense que nous aurons l'occasion de travailler en ateliers autour de ces contributions fines et détaillées

A Bagneux, nous disposons aujourd'hui de 8,5 m2 d'espaces verts publics, (en comptant 20% de la surface du cimetière parisien de Bagneux) – 6 m2/hab sans cela - Nous avons inscrit dans notre programme municipal, de préserver ce ratio ,à minima, et de créer un réseau de liaisons vertes pour que chaque habitant soit à moins de 300m d'un espace vert.
A titre de comparaison Paris dispose de 5,8m2/d'espaces verts par Habitants, sans les bois de Boulogne et de Vincennes, mais de 14,5m2 avec les bois.
Cependant Bagneux a besoin de devenir une ville plus intense ; avec un modèle d'urbanisation plus dense, comme effectivement le prône la Charte de la ville durable d'Aalborg - que signale l'une des contributions - signée par des villes européennes le 27 mai 1994, villes qui s’engageaient par ailleurs à mettre en œuvre un agenda 21 local. Bagneux dans le cadre de Sud de seine aujourd'hui porte un agenda 21 local. Il s'agit de mieux respecter les ressources naturelles, y compris la 'pleine terre, de créer des transports en commun qui permettent une mobilité facilitée dans des zones très denses. Où même les véhicules individuels non polluants ne seront pas la bonne solution de mobilité, en tout cas pas avec la prééminence de la voiture aujourd’hui.

On sait que le SDRIF, qui préconise 10m2 d'espace vert public par habitant, prône de densifier les zones autour des transports et des gares de transport lourds (métro et Grand Paris Express) ; l'écoquartier regroupant le quartier de la Pierre Plate et l'écozac VIctor Hugo s'y prête parfaitement.

Le site des Mathurins, appelle lui, une densification moindre aussi de par son éloignement des métros (2km environs). Aucun transport en commun en site propre ne transformera ce site en un hyper centre urbain. Même s'il sera rejoint en quelques minutes par un réseau de bus performant. C'est un autre modèle, plus proche de l'idée de campus, avec d'ailleurs un lycée, déjà envisagé, et des activités tertiaires, des activités d'avant garde liées à une nouvelle pratique de la mobilité, qui est aussi numérique et moins pendulaire matin /soir, avec des rythmes de déplacement plus choisis, ce que Bernard Reichen, qui travaille sur le projet appelle une mobilité non subie, des logements et des activités de proximités, de services .
Avec une belle part à la nature qui distingue instantanément ce lieu. C'est là, sans aucun doute qu'un parc généreux peut s'installer sur les hauteurs de ce paysage qui est un véritable patrimoine, à valoriser parce qu'encore vivant et non disparu sous les habitations qui ne réserveraient qu'à quelques uns son grand paysage, - ce qui est le cas de tous les belvédères à cette distance sud de Paris. De fait un bien commun à partager largement.
Un vrai plus pour les activités nouvelles qui s'y installeront. Un vrai patrimoine rendu a la ville car s'il n'est pas construit, le site est très artificialisé, même s'il est boisé sur ces pourtours, et impénétrable au public, pour le moment...

Le modèle de la ville durable est donc dense, et intense avec des espaces publics généreux, aérés et animés du fait de la forte densité environnante, et l'on voit bien que les 12m2 d'espaces verts /hab préconisé par l'OMS, qui s'inscrit dans ce modèle durable, ne sont pas de trop ! Et que cela prend en compte à la fois la question de l'économie du foncier pour éviter l'étalement urbain, et à la fois « le minimum vital ».

Ensuite, il y a la question de l'unité de mesure...On voit bien la différence, Paris avec ses bois ou sans ses bois...


Dans la petite couronne au sud de Paris –selon le point de départ où l'on se place dans Bagneux, il nous faut parcourir entre 5 et 6 km pour aller au Parc de Sceaux ou bien au bois de Clamart. Environs 3,5km a partir du site des Mathurins. Au delà de 3kms, un espace vert est ressenti comme lointain et apporte d'autant moins de bienfaits qu'il est ressenti comme tel. (les distances dans une ville hyper-dense comme Paris, avec le métro sont ressenties différemment bien sûr qu'en petite couronne...)

Il est évident, qu'entre lieux proches des stations de métros et qualité paysagère de notre belvédère, nous avons l’opportunité de créer une ville plus intense et dynamique économiquement avec un espace vert généreux d’intérêt départemental, au minimum, voir régional, dans cette petite couronne sud de Paris,
où nous avons la chance de disposer encore d'un foncier suffisant pour qu'il puisse s'y installer. De plus dans un endroit disposant d'un grand paysage et d'une situation géologique (anciennes carrières et sol argileux) qui n'est pas vraiment propice à l'urbanisation très dense. Un parc qui viendrait agrandir notre acuel parc François Mitterrand.

Mais pour se faire, tout comme Bagneux s'est mobilisée pour obtenir que le quartier de la Pierre-Plate soit éligible auprès de l'Etat pour une opération de renouvellement urbain, nous devons nous mobiliser pour faire valoir cette exigence de durabilité pour notre ville.
Car bien sûr, tout est question d'équilibre financier : un promoteur équilibre ses investissements sur des constructions, pas sur des espaces verts ! Même si la loi contraint ses marges pour le bien commun, plus qu'avant, citons les recommandations du Schéma régional de cohérence écologique qui préconise 30 % de surface de pleine terre dans tout nouveau projet en Ile de France, notre territoire a besoin de fonds régionaux ou départementaux pour financer ces ha de parcs.

Le cas ne serait pas isolé dans les Hauts-de-Seine. Plus près des massifs forestiers du département, et du parc de Sceaux, Chatenay-Malabry par exemple dispose de 50% de sa surface en espaces verts, investissements anciens du conseil général, ou plus récent, domaine de la Grange aux Loups élargi avec l'Ile verte, etc.), ou bien le parc Henri Sellier au plessis Robinson, certes ce sont des parcs anciens, mais avec l'augmentation de la population nous avons besoins de nouveaux. Espaces...qui va au parc de sceaux par un bel après- midi de soleil, le sait bien...
C'est aussi un projet métropolitain que de travailler à la santé et au bien vivre de ses habitants. Et nous devons le porter a notre entrée dans la Métropole en 2016.
Beaucoup d'habitants de Bagneux ne peuvent s'évader de la ville très régulièrement, comme le font les parisiens ou beaucoup d'habitants des Hauts de Seine...

C'est un enjeu majeur pour notre ville, que nous avons inscrit dans notre programme municipal.



Enfin, plus largement, l'ile de France est la région la plus peuplée de France et porte l'agglomération la plus peuplée d'Europe , avec 11,9 millions d'hab, devant Londres..8,1 millions

Et justement, cette région qui capte toutes les richesses devrait de façon durable, utiliser sa puissance économique pour permettre l'installation d'entreprises dans des régions françaises qui disposent d'infrastructures et de logements, et sont abandonnées au fil des catastrophes industrielles, qui ont d'abord été ressenties très fortement dans des tissus économiques moins puissants que ceux de la région Ile de France.
Là aussi, il faudrait recoudre une vie sociale, comme nous souhaitons le faire à une autre échelle pour nos quartiers ; là aussi il faudrait tout faire pour rendre l'équilibre à ces déserts français, abandonnés par les entreprises et les services publics !
Recréer de la densité dans des bassins de populations qui se vident. Des bassins de vie, sans vie où l'angoisse pousse massivement les électeurs vers le vote Front national. On n’abandonne pas impunément des territoires entiers comme on le fait dans notre pays, sans conséquences.
Et lorsque qu'on nous demandent de nous entasser tous dans une même région, de nous transporter dans de mauvaises conditions, que l'on va améliorer certes, mais jamais assez à l'aune des augmentations de populations programmées..cela devient aussi notre problème.


Pourquoi cette situation ? Est-elle aussi inéluctable qu'on nous le dit.
Non, d'autres orientations doivent voir le jour !
Aujourd'hui, pas assez de réflexions à long terme ? Abandon d'un véritable plan d'aménagement du territoire, depuis des années. Fragilité devant l'économie capitaliste ultra financiarisée qui demande des rendements rapides et juteux et empêche toute réflexion de long terme, même si celle-ci est porteuse d'un retour sur investissement assuré...

Une ville peut aussi réfléchir à cette problématique du désert français, source de tant d'inégalités sociales, tout comme elle se doit de souhaiter que dans notre petite couronne parisienne on puisse se loger décemment, et de se battre comme Bagneux le fait pour éviter la flambée de la spéculation foncière. C'est un combat politique tout aussi légitime.
Et les deux combats ne sont pas antinomiques, au contraire ! La diversité des solutions est la solution. Ne pas entasser toutes les forces d'un pays au même endroit, ne plus imposer à une population trop dense des transports insupportables. Ne plus entasser en petite couronne, ou bien reléguer trop loin des centres d'emplois, dans une mégapole illisible, où l' on vit mal. Exiger que l'étau se desserre en Ile de France.

Et ailleurs, empêcher que l'on supprime des trains inter-cités comme il en est question aujourd'hui. Pour qu'après les avoir raréfiés, et surtout rendu les horaires quasiment inutilisables par les usagers, on puisse tranquillement présenter la solution de leur remplacement par des cars, comme étant la seule solution possible... Et enlever les rails...

Car la France de demain, devrait on l'espère, être plus peuplée.. Et ses habitants devront vivre le plus possible, nous l'avons vu, dans des villes denses, qui devront limiter la disparition des surfaces agricoles nourricières... Et le modèles des villes européennes, des noyaux d'urbanisation anciens, reliés par le train, n'est certainement pas à détruire aujourd'hui....
C'est un calcul basé seulement sur le gain à court terme, et certainement pas sur les richesses futures que fournit en retour la gestion du bien commun, au même titre que la nature préservée fournit ce que l'on nomme des services éco-systémiques qui n'ont pas de prix, et sans lesquelles nous ne saurions vivre.